Visualisez la scène : un de vos amis vous tend une canette de boisson gazeuse avec un grand sourire.
Méfiant – après tout, qui de mieux qu'un ami pour vous trahir –, il faut envisager les différents cas pour s'assurer de ne pas être le dindon de la farce.

Vérifier que la canette n'est pas vide est assez facile : le truc doit être plus subtil.
Deuxième vérification : c'est bien la boisson demandée, et pas un substitut insipide.
Ne reste plus qu'une possibilité, qui expliquerait aussi le départ précipité du porteur de canette : une canette secouée. De quoi arroser l'ouvreur et ceux qui sont autour d'un geyser de rires idiots.
Mais que faire ? Supporter cette possibilité et tenter sa chance en priant que le gaz soit clément avec votre costume ?

Il y a mieux. Mais pour comprendre, il va falloir plonger à l'intérieur de la canette. On y trouve, sans surprise, du liquide… mais aussi du gaz dissous. En secouant, des bulles se forment, la pression augmente. Certaines bulles remontent et viennent augmenter la pression du vide au dessus du liquide : d'autres s'accrochent sur les côtés, la pression trop forte en haut ne les incitant pas à « remonter ». Au moment de l'ouverture de la canette, la pression en haut diminue pour s'harmoniser avec la pression atmosphérique ; le liquide devient moins contraint, et les bulles contre les parois (qui suivent la loi de Boyle-Mariotte(1)) décident de rejoindre ce nouvel eldorado sous-peuplé. Mais elles ne font pas le voyage seules ! Dans leur translation verticale, elles emportent quelques gouttes de liquide. Presque rien. Mais multiplié par le nombre de bulles, cela correspond à un volume assez conséquent qui viendra inonder doigts et vêtements en sortant par le petit orifice.

Tout cela est bien beau, me direz-vous, mais ne m'indique pas comment contrebalancer cet effet pervers ! Effectivement : connaître le fonctionnement d'une bombe n'atténue en rien son côté létal, cela permet juste de trouver une parade évitant l'explosion. Et coup de chance, ici la solution est évidente : il suffit d'ouvrir la canette dans un caisson à la pression interne *ironie* ! Effectivement, cela fonctionne mais n'est pas très pratique. De façon plus pragmatique(2), il suffit de donner de multiples pichenettes tout autour de la canette avant de l'ouvrir.

Mode d'emploi de l'ouverture de canette sans éclaboussures

Les bulles sont décollées par l'onde de choc et rejoignent le haut du récipient : à l'ouverture, le pschit est toujours présent… mais sans l'éjection non désirée de liquide.

Et voilà comment détruire une mauvaise blague ! Seul inconvénient ? La méthode ne fonctionne pas avec le coca-cola light pour des raisons chimiques qui n'ont pas leur place sur ce site. Mais on ne peut pas tout avoir d'un coup !


  1. (1) La loi de Boyle-Mariotte stipule que pression et volume restent liés à travers le temps si la température ne change pas. À l'ouverture de la canette, la pression diminue : le volume des bulles augmente en conséquence, ce qui les décroche. Pour l'anecdote, c'est le même effet (couplé à la loi de Henry) qui provoque l'ivresse des profondeurs.
  2. (2) Tout le monde n'a pas forcément son caisson pressurisé dans la poche.