Ah, les joies du français et de ses termes spécifiques pour désigner des notions spécifiques ! Du coup, on se retrouve avec plusieurs mots qui désignent des idées très proches, comme « anthropomorphisme », « personnification » et « allégorie »… Mais alors, comment s'en sort-on pour définir avec précision un concept ?

L'allégorie est la moins pénible des trois : c'est une figure de style qui désigne la représentation d'une idée abstraite par quelque chose de « concret » : par exemple, on représente souvent la Mort par un squelette encapuchonné tenant une faux dans la main(1). Sinon, en France, on a aussi une sympathique allégorie de la République : Marianne. Eh oui, la femme la plus célèbre de France symbolise quand même la Révolution et la liberté promise par cette dernière !

Mais revenons-en à nos moutons, et maintenant que le cas le plus simple a été abordé, parlons donc de la personnification. Je pourrais jouer au dictionnaire et vous dire qu'il s'agit l'action de personnifier(2), mais cela ne vous avancerait pas énormément. Définissons donc : la personnification est sensiblement la même chose que l'allégorie ; sauf qu'elle permet également d'attribuer des propriétés humaines à un objet ou à un animal, qui va donc agir ensuite, comme n'importe quel humain normal(3). La « chose » personnifiée peut parler, agir et écouter ce qu'on a à lui dire. Par exemple, avez-vous déjà réellement entendu des branches hurler à cause du vent ou des volets gémir pour la même raison ? Non ? C'est plutôt rassurant, vu que ces deux verbes font référence à des attitudes humaines… Enfin, si cela vous arrive un jour, prévenez-nous !
La subtile nuance entre l'allégorie et la personnification, selon Patrick Bacry (un linguiste français), serait que l'allégorie est toujours universelle, tandis que la personnification s'applique dans une situation donnée pour un temps assez bref.

Mais si la personnification permet de donner des attitudes humaines à des animaux ou des objets, à quoi peut donc servir l'anthropomorphisme  ‽
À l'origine, ce terme vient du latin ecclésiastique(4) anthropomorphita, qui signifie « hérétique qui attribuait à Dieu la forme humaine » : nous serions donc en présence d'une figure de style pour divinité à apparence humanoïde. Par extension (et aussi par narcissisme), l'anthropomorphisme désigne aussi un mécanisme qui ressemble à un homme, comme les robots.
« Et sa ressemblance avec la personnification alors ? » vous demandez-vous, avec raison. Eh bien, on peut aussi attribuer des réactions humaines à tout ce qui ne l'est pas : si votre vieille voisine parle avec ses chats comme avec le facteur, vous avez un bon exemple d'anthropomorphisme !

Au final, on peut avoir du mal à distinguer certaines notions les unes des autres, mais si vous vous rappelez des exemples qui ne peuvent pas s'appliquer à deux mots, vous pouvez vous en sortir et impressionner votre entourage en étalant votre savoir lors des repas de famille traditionnels en cette saison !


  1. (1) Enfin… Dans ce qui lui reste d'os pour constituer une main.
  2. (2) Vous pouvez vérifier dans l'édition du Petit Robert 2008, c'est écrit tel quel…
  3. (3) On présume ici que celui que l'on personnifie aura un minimum de réaction, mais ça marche aussi s'il est un peu perdu.
  4. (4) C'est-à-dire le latin « savant », pas le vulgaire latin parlé par le peuple, voyons !