Qui n'a pas, au moins une fois dans sa vie, employé l'un de ces trois mots ? « C'est un loufoque ! », pour désigner un fou. « Sors ton larfeuille » et paye la note ! Agir « en loucedé », afin de sous-entendre qu'on a agi dans la finesse, en douce.

Amis bouchers et vous aussi, amis lyonnais ou même certains amis parisiens, ne soufflez pas aux autres les origines de ces trois mots à la racine de toute évidence commune. Les autres pensent sûrement qu'il s'agit de vieilles expressions perdues ou de déformations phonétiques, voire de néologismes de notre siècle. Que nenni ! Les origines de ces mots, et de bien d'autres dans la même veine, remontent au début du XIXe siècle, dans le milieu très fermé des bouchers lyonnais et parisiens.

Ces derniers commencèrent à user d'un argot qu'ils nommèrent loucherbem (prononcer louchébème), ou louchébem ou encore, dans son appellation originelle, « largonji des loucherbems ».

Les origines sont obscures mais les règles simples, et assez proches du verlan. Il suffit de déplacer la première consonne d'un mot à la fin, de la remplacer par un « l » et d'y ajouter un suffixe amusant tel que « -bem », « -oque », « -dé », « -ji », « -uche » ou encore « -ème » entre autres. Il s'agit avant tout d'un argot, donc non écrit, c'est pourquoi certaines orthographes vont se trouver approximatives et varier d'un individu à l'autre, mais le principe de base reste simple.
Ainsi :

  • fou devient loufoque ;
  • porte-feuille devient larfeuille ;
  • boucher devient louchébem ;
  • douce devient loucedé ;
  • etc.

Vous aussi, amusez-vous chez vous à surprendre vos amis en parlant le louchébem ! Cela demande de l'entraînement, mais vous les impressionnerez par l'étendue de vos capacités linguistiques !

Un lotepem parle un largonji incompréhensible, ce loufoque ! On dirait qu'il a une laucissem dans la louchebic !