— Qui êtes vous, ou qu’êtes vous ?
— Vous connaissez la parabole de l’éléphant, des aveugles doivent aller palper un éléphant pour savoir ce que ça peut bien être. Le premier touche une défense, et revient dire que l’éléphant est une pointe dure, un autre rencontre une oreille, et soutient que l’éléphant est une feuille souple, et ainsi de suite. Considérez que nous sommes un tout petit bout de poil de cet éléphant que d’autres appellent présomptueusement Dieu, ou Dharma, ou Tao, ou Soi, ou bien d’autres noms et conceptions que nous apprécions plus ou moins.
— Ne pourriez-vous pas faire un peu plus d’efforts ?
— Pardon ?
— Le monde n’est pas joli, joli, je me souviens d’un humoriste, Woody Allen il me semble, qui a dit quelque chose comme : Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse…
— Peut-être mesurerez-vous un jour l’énormité et la sottise de ce que vous venez de proférer. Pour cette fois, c’était sincère de votre part et il n’y aura pas de conséquences. Je vous conseille fortement de ne pas y revenir.
— Pourriez-vous néanmoins m’expliquer… enfin, je ne sais pas, moi, pourquoi y a-t-il tellement d’horreurs ?
— Savez-vous donc d’où viennent et que deviennent le bien et le mal, la jouissance et la souffrance, le beau et le moche ?
— Je ne demande qu’à m’instruire.
— C’est une demande légitime, mais je dois vous mettre en garde : plus de connaissances, c’est plus de responsabilités !
— S’il y a les pouvoirs qui vont avec…
— Quels pouvoirs ? Il y a des volontés qui se conforment à des lois, des lois conçues par des volontés, et ainsi de suite. Prétendriez-vous remonter jusqu’à la Source Suprême ?
— Heu…
— Je vous déconseille d’interroger plus avant là-dessus, vous n’y êtes pas prêt. Question suivante ?

— Le langage des illusions

Auteur des livres Le langage des illusions et Sauvages et Velus.