En cette période de bac, tout lecteur omnilogiste bachelier rêve d'obtenir une note s'approchant au maximum de 20 sur 20.

Et cela fait d'ailleurs quelques années que cela dure, puisque depuis son entrée au collège, c'est un objectif qu'il se fixe au quotidien lors des interrogations, devoirs surveillés et autres « colles »…
Bulletin de notes

Mais pourquoi donc cette notation sur 20 ?
Alors même que le bac est créé en 1808, le jury n'attribue pas des notes, mais distribue des boules ! Rouge pour le candidat reçu, blanche pour l'abstention et noire pour le recalé !

Signalons au passage qu'en primaire, cette notation se faisait d'ailleurs plutôt sur 10, et cela depuis une instruction ministérielle de 1882.

Celle du 5 juillet 1890, intitulée « régime disciplinaire et récompenses dans les collèges et lycées » institue cette notation sur 20 dans le secondaire, sans trop l'expliquer.

Le but est d'obtenir une évaluation du niveau individuel de l'élève, pour s'éloigner de la vision qui prévaut alors, basée sur le classement général, et donc la comparaison entre élèves, et l'émulation, pas toujours très saine, qui en découle.

Il s'agit là d'une tradition qui remonte à bien plus tôt, alors que l'idée de notation n'existe pas encore. En effet, l'école est créée alors que la note n'existe pas…

Charlemagne est bien connu pour avoir innové dans le domaine de l'éducation, encourageant la création d'écoles monastiques ou épiscopales, afin de rassembler des jeunes, souvent d'origine nobiliaire et déjà instruits, dans un établissement d'enseignement supérieur avec des maîtres instruits.

Il se crée aussi au niveau des paroisses quelques enseignements plus accessibles aux classes « populaires »(1). Mais cet enseignement est bien relatif et les maîtres rétribués par les parents, qui avec un versement pécuniaire, qui en lait, légumes, ou viande… La rétribution est proportionnelle à l'apprentissage désiré, qui est prodigué en fonction des résultats de l'élève. On pourrait abusivement résumer en indiquant que la notation est proportionnelle à la rétribution de l'enseignant. Meilleur on est, plus on paie !

Compagnie de Jésus
Mais voilà que la Compagnie de Jésus, en 1540 (fondée par Ignace de Loyola), crée de nombreux établissements destinés à l'éducation de la jeunesse. Les jésuites fondent des collèges dans l'Europe entière afin de contrecarrer l'expansion protestante sur l'un de ses terrains de prédilection : l'accès aux savoirs, religieux et laïques.

Le système institué est gratuit et élitiste, dans le bon sens du terme, tel que cela est vécu à l'époque. Il s'agit de former les meilleurs élèves en créant une émulation entre eux, et donc un classement : le « Ratio Studiorum » est ainsi rédigé à cette fin : les élèves sont répartis dans des groupes hiérarchisés (des plus « forts » aux plus « faibles ») placés en situation de concurrence perpétuelle. Les modalités de classement variaient selon les établissements, mais l'idée générale est celle-là. Ratio Studiorum

On voit donc que l'évolution ira ensuite sur la notation individuelle. Mais il n'en restera pas moins qu'il sera toujours tentant… de comparer les notes individuelles obtenues, et qu'un classement apparaîtra d'ailleurs le plus souvent sur les bulletins.

Voilà qui suffit à certains pour militer pour la suppression de ces notes. Mais que proposer à la place ? Comment évaluer le travail ? Le 6 janvier 1969, décision liée aux troubles de 1968, on abandonne la notation sur 20 pour adopter celle de A à E ; la grande idée ! Les enseignants étendront la grille en y ajoutant des + et des –, voire des ++ ou --. Bref, ingérable et inutile. Une circulaire de 1971 rétablit la notation sur 20.
Note sur 20

Et vous, vous me mettez combien pour mon article ?


  1. (1) De fait, plutôt bourgeoises.