En Ancien Français, plutôt que de se laisser tomber, on se laissait choir, sans que cela changeât fondamentalement quoi que ce soit. Simplement, choir, issu du latin cadere, n'avait pas encore été supplanté par tomber, auquel une conjugaison sans surprises tenait lieu de principal mérite(1) Le verbe choir n'est pourtant pas resté longtemps sans descendance puisqu'il a donné naissance au nom d'action chute, largement représenté dans le lexique contemporain.

Son collatéral, échoir, composé de la préposition ex (hors de) et du verbe cadere, s'est lui aussi progressivement effacé. Seule sa forme impersonnelle il échoit/il échut fait exception, bien qu'elle soit peu usitée et généralement perçue comme littéraire ou archaïque. Comme déjà pour choir, ce sont ici essentiellement les substantifs qui en sont dérivés, tels que échance ou échéancier, qui témoignent aujourd'hui de son existence passée. À noter également la survivance de la locution figée le cas échéant(2).

Même famille, même évolution : la trajectoire de déchoir, composé de la préposition de (à partir de) et du verbe cadere, ne diffère pas fondamentalement de celle de sa parentèle. De lui-même, il ne reste rien, sinon le participe passé déchu, dont l'utilisation reste assez marginale. En revanche, ses dérivés, déchéance et surtout déchet, ont jusqu'ici bien résisté au temps.

Ainsi, des mots aussi différents que déchet, chute et échéancier ont en réalité un ancêtre commun que nous découvre l'étymologie, dont ce n'est pas la moindre des grâces que de laisser entrevoir une origine partagée derrière des vocables apparemment séparés et disséminés aux quatre vents.


  1. (1) Ainsi, les verbes en -oir ont généralement un passé simple en -u (c'est le cas de choir et de ses composés) mais il existe des exceptions (voir, par exemple) et donc un risque d'erreur. En revanche, la conjugaison d'un verbe du 1er groupe comme tomber est à peu près de tout repos. Dans la lutte sans merci pour la sélection linguistique, le critère de la facilité reste déterminant.
  2. (2) Pour éviter toute confusion, précisons que le mot échec n'a rien à voir avec la famille de mots ici considérée.