Nous sommes tous conscients de l'existence de la transfusion sanguine ; que ce soit en tant que donneur, receveur ou simple spectateur de film.

Lors des premiers essais (sur animaux), la transfusion s'avéra être un véritable casse-tête : elle fonctionnait de façon aléatoire, soignant dans certains cas l'individu, tandis que dans d'autres situations (la majorité) la transfusion s'avérait pire que le mal.

Depuis, la science a découvert l'existence des groupes sanguins : A, B et O, des systèmes représentant les antigènes présents sur les cellules rouges.
Le groupe A contient les antigènes A, le groupe B les antigènes B, le groupe AB a les deux antigènes et les O n'en ont aucun.
Dans le sang de chacun se trouve aussi des anticorps pour les groupes opposés. Ces anticorps s'attachent aux antigènes sur les cellules, servant de marqueurs pour la destruction de la cellule par le système immunitaire. Le groupe A a donc des anticorps anti-B, le groupe B des anti-A, le groupe AB n'en a pas et le groupe O a les deux(1).

On comprend maintenant mieux les possibilités du don de sang :

  • Les O peuvent donner à tout le monde, car leur sang n'a pas d'antigènes ;
  • Les AB peuvent recevoir de tous, car leur sang n'a pas d'anti-corps spécifique.

Lors de la transfusion d'un groupe sanguin incompatible, par exemple du sang A dans un receveur B, les anticorps anti-A vont s'attacher sur les cellules du sang du donneurs pour les détruire.
Les débris de ces cellules mortes (qui sont maintenant présentes dans tout le corps du receveur) vont déclencher une inflammation généralisée – la même réaction que si vous vous étiez coupé partout dans votre corps (c'est la réponse du corps pour soigner une blessure).
Le corps va donc faire ce qu'il fait pour les blessures locales : coagulation, cellules blanches et inflammations. Mais contrairement à un doigt égratigné, cette réponse de l'organisme a lieu dans tout le corps (une réponse nommée coagulation intravasculaire disséminée). On imagine le problème…


  1. (1) Pour simplifier la discussion, nous ne parlerons pas de rhésus ici.