Voilà une question qui doit en faire sourire plus d'un devant sa prétendue ingénuité.
Et pourtant, sauriez-vous vraiment dire pourquoi ce petit projectile suffit à provoquer la mort d'un individu bien plus large ? Ne dit-on pas que les petites bêtes ne mangent pas les grosses ?

La réponse évidente est bien sûr de dire que l'on meurt, non pas à cause de l'impact, mais à cause des blessures et du sang qui s'écoule. C'est une vision assez hollywoodienne de la chose(1), et souvent fausse, puisque l'on guérit relativement bien si l'on survit à l'impact – à moins, bien sûr, d'avoir été touché sur une artère, au cerveau, ou dans un organe vital.

La deuxième réponse qui peut venir est l'infection. Effectivement, voilà quelques siècles, on mourait souvent de la présence de ce nouvel orifice dans le corps. À l'époque, prendre une balle de mousquet en plein ventre signait une mort lente et douloureuse, les matières fécales de l'intestin se répandant dans le corps et infectant le pauvre blessé. Encore une fois, de nos jours, on guérit fort bien de tout cela.

Non, la vraie létalité de ces armes vient de leur vitesse. Le concept d'énergie cinétique vous dit-il quelque chose ? Souvenez-vous de vos leçons de code de la route : le temps de freinage d'une voiture augmente avec le carré de la vitesse. Pour une balle, c'est la même chose : augmenter la vitesse de la balle d'un facteur deux multiplie par quatre son énergie.
Prenons une comparaison : faites tomber une bille dans l'eau. On peut voir quelques vaguelettes, mais à peine. Maintenant, lancez fortement la bille dans l'eau : cette fois, les vaguelettes se propagent plus, avec plus d'amplitude. C'est la même chose pour la munition qui pénètre votre corps fragile : elle crée une onde de choc qui se répand dans tout l'organisme, secouant les différents organes et circuits nerveux. De plus, votre corps est majoritairement constitué d'eau. Les liquides n'étant pas compressibles, l'onde de choc perd peu d'énergie et se propage avec encore plus de puissance(2).

Ajoutons le fait que la balle vrille (rotation imposée par le canon) et vibre sur son axe de tangage : on obtient alors un diamètre d'entrée trois fois supérieur au diamètre de la balle. Et ne parlons même pas de ce qu'il se passe si la balle rencontre un os, le choc le faisant exploser et propageant la vibration sur tout le squelette.

Dernier point : le centre de gravité de la munition n'est pas centré. Dès qu'elle pénètre un milieu relativement solide (votre bras par exemple), la balle va se placer dans une position physiquement plus stable, augmentant encore la superficie des dégâts en interne.

Voilà, vous savez tout. Bien évidemment, cette connaissance ne devrait vous servir que dans un dîner mondain, et pas dans la rue, une arme au poing…


  1. (1) Il faut bien que le héros ait le temps de donner à son compagnon d'armes une photo de sa fiancée qui l'attendait au pays.
  2. (2) On appelle ça le choc hydrostatique, et grosso modo, cela revient à dire que votre corps se comporte comme un solide dans de telles conditions. Notons toutefois que la notion même de choc hydrostatique est contestée par certains scientifiques.