Au XVIIe siècle, le Pont-Neuf à Paris était le plus moderne des ponts de la capitale, en pierre ! Pour passer le pont, il fallait acquitter un droit de passage, le péage quoi !
Le pont était un endroit très animé – comme nos rues en quinzaine commerciale – et les bateleurs, montreurs d'ours et de singes ne manquaient pas.
Payer en monnaie de singe, c'était payer en nature par quelques pirouettes du singe pour amuser les gardiens du péage… comme si vous chantiez une chanson guillerette à l'employée médusée du péage au lieu de lui montrer votre carte bleue.

Mais nous ne sommes plus au XVIIe : le Pont-Neuf est aujourd'hui le plus vieux pont de Paris et sous la statue du Vert-Galant(1), la Seine a coulé. Mais la monnaie, l'« argent », c'est toujours une question de confiance : un billet de 50 euros, c'est un bout de papier, une pièce de deux euros, c'est une rondelle de métal cannelée. Contrairement à aujourd'hui, les sommes circulant à l'époque correspondaient à un équivalent réel, en or par exemple. Au moment de la Révolution, on a émis des assignats, mais ils n'ont vite plus rien valu, à l'instar des titres des emprunts russes des grands-parents qui ont souvent fini à la poubelle. Personne n'en aurait voulu pour acheter quoi que ce soit : question de confiance !

Ensuite, on s'est habitué quand même à la monnaie papier, aux chèques (pas en bois, s'il vous plaît) et au morceau de plastique pucé : la carte bancaire. Harpagon n'a plus rien à compter dans sa cassette, il est en ligne avec sa banque(2)… L'imaginaire garde pourtant fortement l'idée d'un équivalent-or. Avant Pompidou(3), par ailleurs issu de la banque Rotschild, l'état ne pouvait pas être en faillite ! En cas de besoin, il créait de la monnaie… Être inscrit sur le livre de la Dette publique, comme les rémunérations et pensions des fonctionnaires, était une garantie absolue. Depuis Pompidou, l'état est obligé d'emprunter aux banques privées, avec intérêt. Il s'endette et jamais cela ne s'arrêtera, pire la dette augmente, bien sûr… Du moins, si rien ne change !

Que font les banques ? Vous, ou l'état, demandez un crédit. La banque accorde le crédit et l'inscrit sur une ligne de son livre des comptes, pardon sur le fichier informatique : virtuel… Péniblement, vous arrivez à rembourser votre crédit, plus les intérêts ! Votre capital remboursé, la banque efface la ligne concernée, le virtuel. Et elle engrange les intérêts !
Ces intérêts, ce n'est pas du virtuel : vous avez travaillé pour l'obtenir, votre peine, votre sueur, vos soucis, votre ceinture un peu plus serrée vous le dites assez ! Vous avez créé ou contribué à créer des richesses bien réelles que vous soyez boulanger, mécanicien, cantonnier à entretenir la route ou pauvre immigré à vider les poubelles ou creuser les tranchées du gaz en ville !
Un exemple, vous donnez un faux billet à une personne qui grâce à ça, peut aller au boulot, payer l'essence ou le ticket de train et apporte alors sa part aux richesses créées. Il vous rend ensuite le faux-billet, maintenant qu'un salaire lui a été versé. Vous pouvez brûler le faux-billet. Mais le travail fourni et les richesses créées existent ! Et la personne n'est pas morte de faim ou de froid sans logis ou seulement de désespoir !

Au Moyen Âge, on parlait d'usuriers, on parle aussi de faux-monnayeurs… aujourd'hui, on parle de banques privées, on les renfloue quand elles font faillite : ce sont les piliers de notre économie !
Autres temps, autres mœurs… Est-ce une fatalité ? À chacun d'y voir.


  1. (1) C'est bien Henri IV, la poule au pot et Paris vaut bien une messe !
  2. (2) Encore que sous les matelas des anciens, parfois ?
  3. (3) Loi du 3 janvier 1973, président : G. Pompidou, ministre des Finances : V. Giscard d'Estaing. Article 25 : Le Trésor Public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France.