Continuons d'appréhender l'histoire des sciences avec le petit Johann, Autrichien sans histoire du XIXe siècle, qui est paraît-il un garçon intelligent. Doué à l'école, ses parents ont de grandes ambitions pour lui. Malheureusement, il se révèle dépressif chronique et éprouve des difficultés dans la voie classique suivie par ses petits camarades. Il trouve finalement un certain équilibre en rejoignant les ordres, en Autriche. Là, il prend le prénom de Gregor, et cultive son jardin, tel un Candide qui se serait intéressé de plus près aux caractéristiques profondes de ce qu'il fait pousser.

Il s'intéresse notamment aux problèmes d'hybridation : il a l'occasion de suivre quelques cours à l'université entre deux prières, et les problématiques végétales titillent sa curiosité scientifique. À cette époque, les nouvelles espèces botaniques (y compris celles à fort intérêt agronomique) sont découvertes arbitrairement : on suppose qu'un croisement peut donner une espèce intéressante, on teste, et si les résultats sont concluants… tant mieux !

Il fouille donc dans son potager, à la recherche DU sujet expérimental avec un grand S. Et il le trouve : le petit pois. Tout petit, tout rond, tout simple, personne ne s'y est jamais réellement intéressé. Mais Gregor a remarqué un détail intéressant à propos des petits pois : il est très aisé de contrôler leur fécondation. Il choisit aussi d'observer des caractéristiques visibles à l'œil nu, notamment la régularité de leur forme : pois lisses, et pois ridés.

Il choisit une lignée pure, comprenant exclusivement des pois ridés. Il la croise avec une autre lignée pure, uniquement composée de pois lisses. Puis il croise leur descendance, encore et encore, selon un plan précis, afin d'obtenir des résultats incontestables.

Au final, il les obtient, et en tire les fameuses Lois de l'Hérédité, qui sont aujourd'hui encore enseignées dans les classes de biologie. En quelques mots, il précise la transmission des caractères dans le vivant, et ce sans la notion d'ADN, qui ne lui est pas contemporaine. Il montre justement la voie, prouvant l'existence de facteurs biologiques qui commandent l'hérédité. Et tout ça avec des petits pois !

Toutefois, les résultats qui y ont conduit sont très sérieusement soupçonnés d'avoir été améliorés. Gregor, ce filou, aurait-il falsifié ses résultats pour pouvoir en tirer les conclusions qui lui convenaient ?

C'est la rumeur qui court. Mais malgré cela, les Lois de Mendel sont incontestées, et ont même réussi à s'accorder avec les principes de Darwin !