Tout fidèle lecteur omnilogiste voudra peut-être partir en croisade pour défendre telle ou telle idée qui lui tient à cœur.

Pourtant, les croisades sont parfois regardées avec suspicion, de même que les Templiers apparaissent bien mystérieux avec un regard contemporain.
Au tout début du XIe siècle, la réforme grégorienne étant advenue, le pape Urbain II organise un concile à Clermont en 1095.

Templier

Ce dernier apostrophe les puissants de ce monde : voilà que l'Anatolie (une partie de l'Empire byzantin) a été conquise par les Turcs seldjoukides. Voilà qui s'ajoute à la prise et à l'occupation de Jérusalem par les musulmans depuis 638. Il invite donc ces divers seigneurs (ne pas confondre avec « le » Seigneur !) à lancer un pèlerinage armé, excellent moyen de gagner son salut.

Voilà que l'exhortation porte ses fruits. En 1096, chevaliers-pèlerins et les foules qui les accompagnent partent à la reconquête de Jérusalem.

Ils ont cousu une croix sur leurs tenues ; ils sont de fait appelés les croisés et leur pèlerinage armé prend le nom de première croisade. Laquelle aboutit à la prise de Jérusalem le 15 juillet 1099.

Les principautés musulmanes environnantes tentent régulièrement de reprendre la ville sainte. Cette dernière est toujours défendue par ces moines soldats, dont la plupart sont restés sur place, les autres étant rentrés sur leurs terres.

Nombre d'entre eux veulent vivre totalement leur engagement, menant de pair vie monacale et vie militaire, et nait alors l'idée de créer une confrérie, à l'image de Hugues de Payns.

Baudouin II, roi de Jérusalem, valide cette idée de chevalerie religieuse en 1120. Idem pour les autorités religieuses lors du concile de Troyes en 1129, avec la création d'une règle pour cet ordre religieux validée par Bernard de Clairvaux.

Voici donc officiellement créé l'ordre des « Pauvres Chevaliers Compagnons du Christ et du Temple de Salomon ». Il s'agit bien d'un ordre régulier adaptant la règle de saint Benoit, avec des vœux monastiques de pauvreté, chasteté et obéissance, tout en se faisant « chevalier du Christ ».

Alors même que l'ordre n'est pas toujours vu d'un bon œil, y compris par certains ordres religieux « cousins », en 1139, le pape Innocent II accorde le privilège de l'exemption et rattache les Templiers à son autorité directe.

Les frères templiers sont de trois types : chevaliers (vêtement blanc avec la célèbre croix rouge), sergents et chapelains (vêtement sombre avec la célèbre croix rouge ou blanche pour ces deux derniers). Ces derniers sont tonsurés et ne prennent pas part aux combats militaires. En fonction des besoins, comme cela est d'usage à l'époque, de nombreux mercenaires sont employés lors des combats.
Templiers

C'est aussi l'origine du « baucent », encore utilisé de nos jours par certains mouvements scouts. Ce drapeau rectangulaire est maintenant porté en étendard ; il était à l'époque accroché au sommet d'une lance. Le nom originel était gonfanon. Il a pris le nom de baucent en référence au cheval balzan à la robe noire et aux pattes blanches souvent utilisé par les Templiers. Et balzan provient du vieux français baucent…
Beaucent – baucent

L'ordre vit dans des « maisons » regroupées autour de commanderies elles-mêmes regroupées autour d'un bailli, dont il reste encore de nombreux vestiges à travers l'Europe. L'ordre est dirigé par un « grand maître ». Des « chapitres » (regroupements religieux) sont régulièrement organisés à tous les niveaux de l'organisation. Cette organisation sera reprise avec l'apparition ultérieure des ordres mendiants.

Commanderie de Templiers à Coulaines

Cette organisation rend l'ordre puissant… et riche. Présent dans les villes comme dans les campagnes, il accumule les biens en raison de nombreux dons reçus, et des taxes perçues sur le commerce, l'agriculture et la finance. Son patrimoine s'étend dans toute l'Europe.

Cette fortune sert toutefois la cause ; perçues sur les « bases arrières », ces fortunes permettent de financer les combats en Terre Sainte.

Mais cette fortune sera aussi en partie à l'origine de la perte de l'ordre, que le roi de France Philippe le Bel considère comme un concurrent bien gênant. De plus, le roi de France est en conflit avec le pape Boniface VIII, mais il serait fastidieux de détailler ici toutes les raisons de ce conflit. Toujours est-il qu'invoquant une hérésie templière, seul moyen pour le roi d'agir sans en référer au pape, dans les années 1300, et grâce à une torture systématique, des aveux d'hérésie sont arrachés à certains Templiers.

Pour calmer le conflit, le Pape Clément V prononce en mars 1312 la suppression de l'ordre du Temple, sans le déclarer hérétique. Après quelques sursauts, et pour venir à bout de l'ordre définitivement, le roi fait brûler Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay le 11 mars 1314.

Il en était fini de l'ordre du Temple.