Vous : Marc, sais-tu jusqu'où est allée Sophie dans son tournoi ?
Marc : Eh bien, figure-toi qu'elle l'a gagné, et haut la main ! Juge-en par son match de finale, c'est elle qui a entamé la partie : 1. e4 e5 2. Fc4 d6 3. Cf3 Fg4 4. Cc3 g6 5. Cxe5 Fxd1, je te laisse deviner la suite…
Vous :  ?

Si vous n'avez rien compris à ce que dit Marc, pas de souci, c'est simplement que vous ne lisez pas de revues d'échecs. En effet, rejouer les parties des grands maîtres peut s'avérer être très instructif ; dès lors, il fallut inventer une notation pour répertorier leurs coups, et c'est ainsi que naquit, en 1737, la notation algébrique.

Tout d'abord, regardons la disposition des pièces sur l'échiquier, et le nom des différentes cases et pièces.
Échiquier
Comme on peut le voir sur cette image, chaque case est caractérisée par un chiffre et une lettre. Ainsi, le roi noir commence en e8 et le roi blanc en e1. (1)

Ensuite, chaque pièce possède une lettre les qualifiant : pour le roi, la lettre R ; pour la reine (ou dame), la lettre D ; pour le fou, la lettre F ; pour le cavalier, la lettre C ; pour la tour, la lettre T ; pour le pion, la lettre P.
Pour les déplacements, on précise le nom de la pièce, la case d'origine puis la case d'arrivée. Par exemple, Pe2-e4 indique que le pion en e2 va en e4.

Maintenant, les coups spéciaux :

  • la prise d'une pièce adverse est marquée par un x : Ce5xc4 indique que le cavalier en e5 prend la pièce en c4 ;
  • l'échec au roi se marque par un + à la fin du coup ; l'échec et mat par un #, par un ++ ou tout simplement par mat ;
  • la prise en passant est précisée à la fin du coup par e.p. (exemple : Pf4-g3 e.p.) ;
  • le petit roque se note 0-0 ; le grand roque 0-0-0 ;
  • la promotion de pion est notée par un = suivi de la pièce choisie à la fin du déplacement du pion : Ph7-h8=D indique la promotion d'un pion blanc en reine.

Enfin, les tours de jeu sont indiqués par 1. [mouvements des deux joueurs] 2. [mouvements des deux joueurs] etc. Si on veut parler d'un moment seulement de la partie, on utilise les points de suspension : … 25. Fe5-f6 Pg7-g5(2), ou alors : 25…. Pg7-g5.

À partir de ces notations, il est possible de répertorier toutes les parties d'échec. Cependant, il existe une version simplifiée de la notation algébrique, qui n'ôte rien en précision.
Pour ce faire, voici les quelques règles à appliquer :

  • le symbole du pion (P) est systématiquement omis ;
  • lorsqu'elle n'est pas nécessaire, la case de départ de la pièce n'est pas mentionnée. S'il y a ambiguïté, on indique seulement la colonne, et si l'ambiguïté persiste on précisera seulement la ligne. Dans ce dernier cas, on écrira par exemple : C6f3 (le cavalier sur la ligne 6 va en f3) ;
  • les échecs et échec et mat peuvent également être omis.

Avec toutes ces notations, vous pouvez suivre une partie par écrit jusqu'à l'échec final, et surtout, vous êtes maintenant en mesure de répondre à Marc.

Marc : [… ] Je te laisse deviner la suite…
Vous : Bien sûr ! … 6. Fxf7+ Re7 7. Cd5# Sophie a quand même eu de la chance que son adversaire ne connaisse pas le mat de Legal !


  1. (1) On commence toujours par donner la lettre de la colonne, en minuscule, avant de donner le numéro de la ligne.
  2. (2) Remarquez que les deux coups du même tour (le coup des blancs puis le coup des noirs) sont seulement séparés par une espace.