C'est la dose seule qui fait le poison.

— Paracelse (1493-1541)

Ajoutons-y le champ d'action, la puissance de propagation du toxique, et nous pourrons alors nous enquérir du pire d'entre eux comme nous l'avons fait pour les acides.
Strychnine, amanite phalloïde, acide prussique… les concurrents sérieux ne manquent pas.
Le métal le plus destructeur de la vie aquatique est le mercure.
La palme du gaz le plus invalidant revient à l'ypérite.
La plante la plus vénéneuse est le ricin(1).
Le lieu le plus toxique par concentration d'espèces vénéneuses et venimeuses est l'île de Komodo ; et son dragon n'a nul besoin de cracher du feu : sa salive est la plus mortelle.
Enfin, toucher une grenouille de Colombie, le Phyllobates terribilis, peut occire de dix à vingt visqueux séides du Fisc.

Mais les pires poisons appartiennent au vivant : ce sont des toxines protéiques. Et la première d'entre elles est la toxine botulique.

Toxine botulique

La toxine botulique est le plus violent poison connu à ce jour, avec la toxine tétanique. 100 mg de l'une ou l'autre tueraient l'espèce humaine ! Cette toxine est synthétisée par la bactérie clostridium botulinum – aussi responsable du botulisme. Ce bacille anaérobie se trouve dans le sol ou dans des animaux qui peuvent l'héberger. Dans les nourritures avariées (conserves) ses toxines ne sont détruites qu'après une heure d'ébullition à 120 ℃.
Le mal se transmet surtout par voie buccale (denrée corrompues), mais parfois par intraveineuse, chez les drogués. Quand elles contamine, la toxine botulique paralyse en bloquant l'influx neuro-musculaire et perturbe d'abord la déglutition ; altère la voix, par atteinte des cordes vocales ; dessèche la bouche, et trouble la vue. Une offensive forte peut tuer droit au cœur.
Aucun vaccin, à ce jour, ne prévient le botulisme ; enfin, la toxine botulique peut devenir arme biologique : dans l'eau potable, par exemple.

Mais quelle est son utilité ?
Cette neurotoxine produisant une relaxation par paralysie, elle sert en neurologie contre les hypercontractures et l'hypertonie musculaire.
Et, pour les Dames auxquelles leur Miroir renvoie l'image d'une Beauté… crevassée, la Cosmétique l'emploie comme traitement anti-rides : la toxine botulique est tenue pour être le meilleur remède au vieillissement du tiers supérieur du visage : rides de la glabelle, rides horizontales du front, pattes d'oie… c'est affaire de spécialiste, qui nécessite une pleine maîtrise de l'anatomie faciale.

Botox, anti-rides.


  1. (1) La ricine n'a pas d'antidote. Dose létale pour un cheval : 25 à 50 g. La ricine est aussi le poison utilisé dans le « parapluie bulgare ».