Munich, 8 novembre 1923.
Ce soir-là, profitant d'un meeting politique, une poignée d'hommes, presque tous anciens de la Première Guerre mondiale, tentent un coup de force inspiré de la « Marche sur Rome » fasciste. Le plus prestigieux est le général Erich Ludendorff mais le vrai leader est le caporal Adolf Hitler. Ils parviennent à retenir quelques personnalités et les obligent à se déclarer solidaires de leur conquête du pouvoir.

Le lendemain matin, tout tourne de travers, ils ne trouvent pas les soutiens escomptés. Aucun renfort important ne vient du reste du pays. Ludendorff, plus naïf qu'on pourrait le croire, laisse partir les notables retenus contre leur parole de ne pas s'opposer à l'action. Ils ne la tiennent pas. Alors que les putschistes paradent malgré tout dans les rues, la police s'interpose et un combat s'engage. Quatorze des insurgés sont tués ainsi que quatre policiers ; c'est la débandade sans gloire. Pour autant, ce sera l'événement fondateur du nazisme, principalement à cause de ses quatorze martyrs.

Hitler, arrêté puis incarcéré pendant treize mois, en profitera pour écrire Mein Kampf. Il le dédie à ces mêmes martyrs. Après avoir donné les quatorze noms, prénoms, professions et dates de naissance, il martèle :

Les autorités nationales refusèrent, après leur mort, une sépulture commune à ces héros.
À leur mémoire commune je dédie le premier volume de cet ouvrage, afin que leur martyre rayonne constamment sur nos partisans.
Landsberg-a.-L., Maison d'arrêt, le 16 octobre 1924.

— Mein Kampf, Adolf HITLER

Le drapeau brandi ce jour-là, taché de sang, deviendra un symbole essentiel.