Un ninja (celui qui pratique le ninjutsu(1)) ou shinobi était un espion japonais du Moyen Âge. Le terme utilisé pour désigner une femme ninja est kunoichi(2).

Les ninjas ne sont pas japonais à l'origine. En effet, ils s'inspirent de L'Art de la guerre du chinois Sun Tzu (appelé Son Shi au Japon). Cet ouvrage enseigne une tactique militaire bien différente du code bushido, le code d'honneur des samouraïs japonais. C'est une véritable révolution qui s'opère : le code bushido apprend comment se battre à la loyale, à un contre un : il incarne toutes les valeurs justes, franches et morales chères aux samouraïs. L'Art de la guerre quant à lui apporte une vision plus pragmatique du combat. Sun Tzu est davantage centré sur l'efficacité que sur l'honneur ! Au chapitre 13 par exemple, il conseille d'utiliser les espions, classés en cinq catégories, dont :

Les espions de l'ennemi qui viennent nous espionner doivent être recherchés puis financièrement soudoyés, traités et logés avec tous les égards. Ainsi ils deviendront des espions convertis et disponibles pour notre service.

— L'art de la Guerre, chapitre 13-21

Si les samouraïs étaient prêts à mourir pour leur daimyo, leur seigneur auquel ils sont inféodés, les ninjas sont à celui qui les paye le mieux.
Tous les coups sont permis : le déguisement, la déception et la tromperie servent à rendre l'ennemi confus et paranoïaque ; seul compte l'argent.

Le ninja s'entoure de légendes et de rumeurs. Le premier ninja serait le prince Yamoto : il se travestit en femme pour attirer deux grands chefs barbares, les séduit puis les massacre. Pas très glorieux, mais il accède ainsi au pouvoir.
Une autre histoire de ninja de la première heure ? Kumawaka, un jeune garçon de 13 ans, va voir son père mourant dans une contrée éloignée. Son père est retenu prisonnier par des moines bouddhistes car il n'a pas payé ses dettes. Le fils se voit donc refuser toute visite et son père meurt quelques jours après. Le petit gringalet jure alors de se venger des moines. Il passe plusieurs jours à attraper des papillons de nuit, puis simule une maladie pour être recueilli au sein du monastère. Une nuit, il lâche progressivement les papillons dans le dortoir des moines : les papillons recouvrent la lampe, il entre et massacre tous les moines(3). Poursuivi, il rejoint une rivière et escalade un long roseau de bambou qui ploie, l'amenant sur la berge opposée. Il s'évapore ensuite dans la nature. Bien entendu, on peut difficilement vérifier la véracité de ses récits…

Les premiers endroits où les ninjas se développent sont les régions d'Iga et de Koga. Les clans de ces régions vendent leurs services en tant que mercenaires. Le ninja ne se bat pas en face à face, il espionne, assassine, sabote, … et pénètre dans les palais japonais sans être vu. Des ninjas se seraient infiltrés dans une forteresse, de nuit, et auraient massacré toute une partie des habitants. Les survivants découvrent la boucherie le lendemain, et la paranoïa s'installe dans le château. Ces « hauts faits » instaurent une telle crainte des ninjas que des habitations ont été conçues avec des planchers inégaux afin qu'ils grincent, même sous les pieds d'un ninja. Les daymios se cachaient dans des résidences secondaires à la campagne la plupart du temps. Dans un château, le seigneur rendit même obligatoire le port de pantalons larges qui faisaient du bruit quand on se déplaçait.

Les ninjas ont beaucoup joué sur ces faits pour se forger une réputation légendaire. Ainsi, ils ont été décrits comme mesurant trois mètres de haut, pouvant voler dans les airs et comme étant invisibles. Bien sûr, ils pourraient aussi jouer aux passe-murailles et traverser les murs. Pratique pour infiltrer les châteaux !


  1. (1) Qui n'est pas un art martial malgré sa terminaison qui évoque d'autres arts martiaux, nin signifiant persévérance et jutsu l'art ou la voie.
  2. (2) Eh oui, les ninjas n'étaient pas de grands sexistes !
  3. (3) Curieux comme ces histoires terminent souvent en boucheries !

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