Ma foi, je pense qu'il est temps de vous faire partager la pauvre vie de cet homme, si pauvre qu'elle m'a tiré quelques larmes en plein milieu de la bibliothèque dans laquelle je me trouvais lorsque je m'adonnais à la lecture de cette terrible vie(1).

Vous vous doutez sûrement et avec raison que l'entreprise fabricante de pneus et autres courroies en caoutchouc nommée « Goodyear Tire & Rubber » provient du nom de notre cher Charles Goodyear. Mais pas forcément de la façon dont vous l'entendez…

Parlons un peu(2) de sa jeunesse, à Charles. Dès qu'il eut 14 ans, il décida de travailler dans une quincaillerie à Philadelphie, non loin de son Connecticut natal. Il trouva cela tellement bien qu'il décida de fonder sa propre quincaillerie en 1824 mais devinez quoi, il choisit mal sa période puisque à cause de la crise économique, il fit faillite et séjourna même en prison à cause de ses nombreuses dettes !

Ni une ni deux, Charles décida de se consacrer à l'étude du caoutchouc car notre Charles est un petit chimiste dans l'âme. Le caoutchouc n'étant pas trop utilisé à l'époque parce qu'il résistait plutôt mal au froid et au chaud. Et le pire, c'est que pendant qu'il faisait ses petites expériences qui allaient révolutionner l'utilisation du caoutchouc, il se fit virer par ses voisins à cause de l'odeur nauséabonde générée par le caoutchouc fondu ! Ainsi, Charles et sa famille s'en allèrent pour New-York pour y continuer ses recherches. Là-bas, il réussit à faire financer ses recherches(3) et il fabriqua des sacs en caoutchouc pour les postiers, mais ces derniers(4) fondirent au soleil. Avouez que dans le domaine de la malchance, on est déjà loin quand même…

Mais un beau jour, paf ! La révélation ! Notre bon Charles invente le procédé nommé « vulcanisation », procédé que je ne vais pas décrire là pour la simple et bonne raison que ce n'est pas le sujet de cet écrit(5). Mais au final le résultat n'est toujours pas assez au point pour être qualifié d'extraordinaire et de révolutionnaire, et notre petit chimiste se retrouve alors pour la deuxième fois en prison, toujours à cause de ses dettes.

Et en 1842, la révélation (oui oui, encore !). Il rajoute un peu de vapeur d'eau à son morceau de caoutchouc qui devient alors uniforme. Bien emporté par son élan, il fonda alors sa propre usine de fils caoutchouc(6). Et ça marche bien ! Cependant il décida de vendre les parts de son entreprise pour consacrer encore plus de temps (et donc d'argent, comme quoi c'est plus lié qu'on ne le pense) à la recherche sur le caoutchouc. Puis vint un jour où ce fut la douche froide. Thomas Hancock lui vola la vedette en déposant un brevet sur la vulcanisation avant que Charles ne le fasse ! Ce dernier ne tirera alors peu si ce n'est aucun bénéfice de son historique invention.

Au final, il attaqua en justice Hancock qu'il définissait comme le « pirate des brevets », et comme vous vous en doutez ce fût un échec pour Goodyear. Ou plutôt 32 échecs, car il consacra toute la fin de sa vie pour emmener Hancock et les autres 32 fois en justice ! Tous ces procès finirent par le ruiner, et comme jamais deux sans trois il fût emprisonné une dernière fois à Paris parce qu'il ne pouvait payer sa chambre d'hôtel…

Il finit par mourir endetté(7), en 1860 et repose donc maintenant en paix (Enfin !) dans sa ville de naissance. Il ne créa donc pas l'entreprise de pneumatiques que l'on connaît bien « Goodyear », mais cette entreprise fût crée 40 ans plus tard en ne rendant hommage à Charles Goodyear qu'en inscrivant son nom sur ses pneumatiques. Triste fin n'est-ce pas ?


  1. (1) Ce qui suscita d'ailleurs l'interrogation de la documentaliste.
  2. (2) Parlons peu, parlons bien comme dirait l'autre.
  3. (3) Alléluia, enfin un peu de positif !
  4. (4) Les sacs en caoutchouc, pas les postiers vous en conviendrez…
  5. (5) Et aussi parce que je n'ai absolument aucune idée de ce que c'est.
  6. (6) Hehe, il fait pas les choses à moitié not' p'tit Charles !
  7. (7) Ses dettes auront décidément régi sa vie…