Après avoir déjà parlé de la pogonotomie(1), l'heure est venue de raconter l'histoire du métier qui y est associé.

Dans la Grèce Antique, cette profession est devenue très populaire. En effet, aux alentours du Ve siècle avant J.-C., les hommes se sont mis à se coiffer et à se raser. Sont alors nés les coiffeurs-barbiers, et le métier est devenu très important.
Ainsi, les salons des barbiers sont devenus des lieux de rencontre pour hommes où il était coutume de discuter philosophie, la politique, ou des matières communes, une sorte de seconde agora(2).

Au IIIe siècle avant J.-C., Alexandre le Grand a conquis presque toute l'Asie, mais fut battu à plusieurs reprises par les Perses, notamment parce que ses soldats se faisaient attraper par la barbe et les cheveux. Alexandre a donc proclamé que tous ses soldats devaient être rasés. Puis, le reste de la population a fini par adopter la mode.

Durant la première période de l'Empire romain, les Romains portaient de longs cheveux et des barbes. Mais l'influence de la Grèce a amené la mode des barbiers. En -296, Ticinius Mena(3) a ramené à Rome la coutume du rasage. Selon Pline l'Ancien, le premier Romain important à être vu avec un visage rasé en permanence a été Scipion l'Africain, général et homme politique. Depuis cette date, jusqu'à la chute de l'empire, le rasage a été à la mode.

Appelés « tonsor », les barbiers étaient fortement respectés, et comme pour les Grecs, leurs salons sont devenus de haut lieux de rassemblement.

Les barbiers ont ensuite développé leurs compétences en devenant également chirurgiens aux environs du Moyen-Âge. En fait, les seuls habilités à pratiquer des opérations étaient les membres du clergé, car ils étaient les seuls vraiment instruits. Ils ont également embauché les seules personnes capables de les aider : les barbiers, qui avait déjà été familiarisés avec certaines interventions chirurgicales mineures.

Puis, comme les principaux soins administrés à l'époque étaient les saignées, et que l'extraction de sang était devenu un péché pour les représentants de Dieu, les barbiers sont devenus parmi les seuls à effectuer cette tâche.

S'en est suivie une dure compétition entre barbiers et chirurgiens médicaux jusqu'au XVIIIe siècle. Puis, par un décret royal de 1743, il fut interdit à toute personne pratiquant la chirurgie de pratiquer également la barberie : c'est la fin des barbiers-chirurgiens.

L'usage croissant des perruques chez les hommes et femmes au XVIIIe siècle amènera les barbiers à se transformer en perruquiers. Comme les perruques étaient le symbole de la royauté, elle furent abandonnées au XIXe siècle, après la Révolution française.

Cependant, durant la deuxième moitié de ce même siècle, différentes associations et écoles furent crées et délivraient encore des certificats pour exercer le métier de barbier.


  1. (1) L'art du rasage.
  2. (2) Place publique d'assemblée.
  3. (3) Un sénateur romain.