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Dernier article de cette série sur l'armée romaine traitant de la marine romaine, qui a tenu un rôle d'importance sans être jamais réellement entrée dans le cœur des Romains, qui lui préféraient le combat terrestre.

La flotte romaine
Avant la première guerre punique, la marine romaine est insignifiante. La menace de la flotte carthaginoise (équipée de quinquérèmes) fut l'élément qui poussa les Romains à améliorer cet aspect de leur armée, la marine ayant toujours été le « maillon faible » de la république. Cette première bataille sans expérience fut une défaite, mais les guerriers s'adaptèrent. Ils utilisèrent leur infanterie navale, basée sur le modèle des Légions. Ils créèrent la tactique de l'abordage via une invention, le corvus (corbeau), un simple pont-levis permettant aux fantassins de parvenir facilement à bord du navire ennemi. Cette tactique fit la différence et la flotte évolua assez rapidement en nombre. Après la victoire sur Carthage, les Romains ne construiront plus de grandes flottes, laissant selon les circonstances et les époques leurs vassaux grecs s'occuper de la défense de la Méditerranée. Toutefois, avec l'augmentation exponentielle de la piraterie, Rome décida de reconstruire une flotte suffisamment imposante (cinq cents navires et cent vingt-cinq mille hommes) pour protéger ses intérêts. En 67 avant J.-C., Pompée, grâce à un commandement extraordinaire, triompha des pirates qui pullulaient en Méditerranée. Malheureusement, les navires n'étaient entretenus que dans l'urgence, face à une menace, le Sénat n'estimant pas que l'utilité de maintenir une forte marine était nécessaire à la défense des contrées romaines. Au fil du temps, la marine devint de plus en plus obsolète.

Sous l'Empire, les flottes devinrent permanentes. Auguste créa une marine forte de huit escadres et de trois flottilles chargées de missions de police navale et de protection des convois de ravitaillement. À défaut de participer à de grandes batailles navales (il faudra attendre le IVe siècle), la marine joua un grand rôle lors des grandes campagnes militaires de l'Empire, comme la conquête de la Bretagne ou de la Germanie.

La fin de la marine romaine
La Germanie représentait justement une position de faiblesse pour l'Empire et en conséquence, dès 238, la situation se dégrada de manière inquiétante face aux invasions barbares. Les flottes fluviales subirent d'importants dégâts. Les postes indéfendables comme le Danube, le Rhin et la Bretagne furent très affaiblis à cause des multiples attaques. Malgré le « choc », la marine survécut au IIIe siècle mais elle nécessitait une réorganisation face à ces menaces nouvelles. Dioclétien (284-305) créa de nouvelles escadres, puis Constantin, en 324, s'opposa à Licinius lors d'une grande bataille navale où il remporta la victoire, remettant de l'ordre dans l'Empire et constituant des unités plus légères pour la flotte romaine.

Jusqu'à la fin du siècle, les flottes fluviales tenaient tant bien que mal face aux assauts des barbares mais elles cédèrent durant le premier quart du Ve siècle et suite aux invasions, une grave crise économique se profila à l'horizon, entraînant la disparition des éléments de la marine au point qu'en 431, l'Empire d'Orient (dont la situation était bonne, voire prospère) se chargea de certaines expéditions militaires.

Enfin, lorsque les Vandales s'installèrent en Afrique, ceux-ci prirent le contrôle de la Méditerranée occidentale. En 455, ils pillèrent Rome, démontrant l'incapacité de la marine à défendre la ville. La dernière mention d'une flotte romaine date de l'époque (en 460 précisément) où l'empereur Flavius Julius Valerius Majorianus dit Majorien tenta de réagir contre les Vandales en construisant une flotte de trois cents navires – ce fut un échec cuisant car le roi des Vandales Genséric, alerté, détruisit sa flotte. Ceci marqua la fin d'une vraie flotte romaine ainsi que celle de l'Empire d'Occident. Tout empire a une fin.

Trirème romaine