Elles font partie des mythes les plus connus et les plus croustillants du monde antique. Leurs noms sont même passés dans le langage courant (« Quelle vieille harpie, celle-ci ! » ou encore « elle est partie comme une furie, elle n'avait même pas terminé son dessert ! »). Mais qui sont-elles ?

Commençons par les harpies : on les dépeint la plupart du temps comme des vieilles femmes laides, à la peau crevassée, aux ongles crochus, à l'odeur putride, aux ailes menaçantes et au cri terrible. Mi-femmes, mi-oiseaux de proie, effectivement, un logique à-priori nous pousse à nous éloigner de ces créatures funestes. Pourtant ! Quand Hésiode(1) brosse leur portrait, elles prennent les traits des femmes sublimes à la chevelure d'or et aux ailes d'anges… Et Homère(2), lui, les décrit comme les déesses de la tempête. Et oui ! La légende a bien évolué, au fil des siècles, et de créatures de rêve, elles sont passées à vieilles peaux diaboliques et ornithomorphes. On raconte même que là où elles passent, elles sèment putréfaction, désolation, épidémies, sécheresse et autres terribles drames… On accuse également les Harpies de voler les âmes, de ravir les enfants, qu'elles donnent en présent aux Erinyes, déesses maléfiques !

Parlons-en, des Erinyes : équivalent grec des Furies, elles représentent la Haute Autorité de la vengeance et de la haine. Divinités infernales, elles ont pour mission la punition : dans le monde antique, nul ne commet parricide, infanticide ou crime contre l'hospitalité (3) sans connaître le courroux des Erinyes. Et croyez-moi, vous n'avez pas envie de connaître ledit courroux. Jugez plutôt : elles poursuivent, harcèlent, éperonnent jusqu'à ce que l'objet de leur courroux en perde la raison, devenu fou par tant de hargne et de persévérance dans la vengeance… Côté physique, elles ne sont pas plus avantagées que les Harpies : monstrueuses et effrayantes, on raconte qu'elles arpentent le Tartare(4), des serpents accrochés aux bras et aux cheveux, brandissant torches et fouets, instruments du tourment !

Mais n'aie crainte, lecteur : la légende a disparu, aujourd'hui, on ne craint plus les Harpies, ni les Erinyes. Paraît-il…


  1. (1) Fameux poète Grec du VIIe siècle avant J.-C., mais si, vous savez.
  2. (2) Même époque, allons, faites un effort !
  3. (3) Oui, chez les grecs d'antan, on pense que les invités sont envoyés par Zeus, le Dieu Suprême, alors en oubliant les règles d'hospitalité avec les invités, on manque de respect à Zeus, et ça les Erinyes, elles tolèrent moyen.
  4. (4) Pas le fromage, le lieu souterrain infernal pire encore que les Enfers, où sont enfermés les petits malins qui ont défié les Dieux, par exemple, pour y subir une souffrance éternelle.