Fêtes et rituels paysans animaient jadis la France rurale. Ainsi, la plus grande partie de ce pays vivait au rythme « des Travaux et des Jours ». Au printemps avait lieu, par exemple, le Mai planté ; en été, les Feux de la Saint-Jean. Pour conjurer le mauvais sort et protéger les récoltes, les paysans l'été brûlaient le Diable.

Pour ce faire, ils feraient un meulon auquel ils bouteraient le feu. Mais ils n'osaient pas s'en prendre directement au Diable : ils brûlaient donc, non le Diable, mais sa mère, nommée Ricaud (la riche). Réduite en cendres, elle prémunirait du mal les cultures. Les hommes, ce jour, dressaient donc un meulon, s'en éloignaient, prenaient des torches. Puis on criait de courir sus à la Ricaud. Les paysans s'élançaient brûler la Mère du Diable.

Ce rite agraire s'alliait les puissances du sol, pourvoyeuses de richesses ; ces coutumes païennes étaient christianisées, diabolisées et dévaluées : avec le temps les rituels déclinèrent, la Ricaud tomba dans l'oubli. Mais un légume était venu des Amériques : ayacuotl, haricot. On passa de la Ricaud au haricot, pour marquer, désormais, son agacement. Naquit alors l'expression « Tu me cours sur le haricot ! »