Bâti vers 1300 avant Jésus-Christ pour prier Amon, la spécificité du temple de Louxor en Égypte réside dans les deux obélisques qui en gardent l'entrée.

L'entrée du temple de Louxor

C'est en 1830 que le roi Méhémet Ali offrit les deux obélisques à la France, pour remercier Champollion d'avoir déchiffré les hyéroglyphes. Flattés, les Français offrirent en retour une horloge qui trône désormais sur la citadelle du Caire – même si les Cairotes aiment à dire que ladite horloge ne donna jamais l'heure !

Puis vint l'étape du rapatriement des cadeaux dans la mère patrie ; l'égyptologue décida que le plus petit des deux obélisques – qui était également le moins abimé – devait être ramené en premier.
Les ingénieurs français furent rapidement confrontés à un problème : le « petit » obélisque pesait tout de même 227 tonnes pour 23 mètres de hauteur et était taillé – comme son grand frère – d'un seul bloc, empêchant donc le transport en pièces détachées. Ajoutons aussi que le bateau qui transporterait l'obélisque devrait pouvoir affronter les caprices de la Méditerranée, mais également les eaux du Nil et la Seine…

Le bateau construit pour l'ouvrage, nommé Le Louxor, mesurait plus de quarante-trois mètres de long pour ne pas s'enfoncer sous le poids de l'obélisque, tandis que ses mâts ne dépassaient pas neuf mètres pour pouvoir passer sous les ponts de la Seine. L'embarcation partit le 15 avril 1831 de Toulon pour arriver à Louxor le 16 août 1831.
L'obélisque fut recouvert de planches pour protéger les hiéroglyphes du frottement des cordes qui allaient servir à le coucher ; couchage qui mobilisa soixante-quatre hommes. Une fois à plat, il fallut plus d'un mois et demi pour parcourir les 400 mètres qui séparaient l'obélisque du bateau ! Enfin, pour le rentrer sur l'embarcation, on dut découper l'avant du bateau, puis le réajuster.
Bloqué à Rosette – le niveau du Nil était trop bas – on dut attendre une nouvelle crue pour pouvoir repartir et rejoindre Alexandrie, le 2 janvier 1833. L'expédition décida d'attendre le printemps pour reprendre son voyage, jugeant la mer Méditerranée trop dangereuse. Le Louxor repartit donc le 1er avril, pour atteindre Toulon le 10 mai et atteindre enfin à Paris le 23 décembre 1833, après un périple de plus de 12 000 km !
Près de trois ans après le début de l'expédition, le 25 octobre, l'obélisque fut élevé sur la Place de la Concorde devant Louis-Philippe et 200 000 spectateurs.

Il repose sur un piédestal qui fut sculpté à Brest et le pyramidion en or qui le recouvre fut rajouté en mai 1998.

La colonne ainsi placée achève « l'Axe historique de Paris ». Mais ceci est une autre histoire…

Le deuxième obélisque, quant à lui, est resté en Égypte où il fut tout naturellement ré-offert au peuple par François Mitterrand ! Imaginez la joie des Égyptiens de recevoir un « cadeau » qu'ils avaient eux-mêmes fait, qui était chez eux et que les Français leur donnaient car ils étaient incapables de le déplacer…

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