Exemple d'échec et mat

Je ne ferai pas l'injure au lecteur d'expliciter le terme « échec et mat », que chacun a dû rencontrer au moins une fois dans sa vie, que ce soit lors d'une partie d'échec ou dans une expression figurée.

Mais si le contexte d'utilisation est clair, la signification mérite quant à elle un article. La plupart des joueurs d'échecs se sont malheureusement vus enseigner une mauvaise traduction, qui clame qu'« échec et mat » signifie « le roi est mort ». Tentons de rétablir la vérité…

Allons dans l'ordre et commençons par le commencement. « Échec et mat » provient de shah mat. Partant du principe que mat en arabe signifie « mort » et shah « roi », il a longtemps été considéré que l'expression signifiait littéralement le massacre du roi ennemi en fin de partie.

Mais les échecs sont plus subtils ! Toutes les pièces sont tuables, à l'exception du roi : le dernier coup que l'on porte au maître du plateau n'est jamais joué, et sa capture – pas sa mort – est symbolisée par le couchage de la pièce sur l'échiquier. Autrement dit, la symbolique du jeu (« le roi se rend ») ne s'accorde pas à son oral (« le roi est mort »).

Sauf que shah mat ne vient pas des Arabes ! Ceux-ci ont récupéré le jeu des Perses. Et en perse, si shah signifie toujours « roi », mat ne se traduit par par « mort », mais par « capture », « embuscade », « défaite ».
Le premier avertissement, shah (mal translittéré par « échec », ce qui enlève le rapport entre l'interjection et la pièce) indiquait à l'autre joueur que son roi (son Shah) était en danger, et qu'il fallait faire une action pour le sortir de ce mauvais pas. La seconde phrase – « échec et mat » – était ensuite un moyen civilisé de résoudre la situation, non pas en décapitant le monarque mais en montrant à son adversaire que la partie est finie, le roi étant acculé et n'ayant plus aucun moyen de se défendre. Bref, une guerre idéaliste… et idéalisée.