Le lundi de Pâques est un funeste jour pour l'espèce des chocolatus. Poules, lapins et œufs en chocolat se terrent en tremblant dans leurs nids décorés, en espérant rester hors de vue et de portée de la marmaille affamée.

Peu avant l'ouverture de la « chasse », on voit s'aligner dans les vitrines des confiseurs de longues rangées de lapins, de poules et d'œufs géants en chocolat, bariolés de coulées de sucre. Si la présence des poules s'explique aisément – elles pondent les œufs – celle des lapins est plus énigmatique : quel rapport entre le petit mammifère lagomorphe à grandes oreilles et la fête religieuse ancestrale aujourd'hui réduite à une orgie de sucreries ?

Appelé Easter Bunny chez les Britanniques, ou encore Osterhase en Allemagne, le Lapin de Pâques est chassé sur tout le territoire européen en période pascale. Quelle est son origine ?

Une vieille légende allemande raconte qu'une pauvre femme, ne pouvant acheter des friandises à ses enfants, eut l'idée de décorer des œufs et de les disperser dans son jardin. En cherchant les œufs, les enfants découvrirent un lapin et crurent que c'était lui qui les avait pondus. Dès lors, chaque année à la même date, les petits prirent l'habitude de fabriquer un nid et de le laisser dans leur jardin en espérant que le Lapin de Pâques viendrait déposer ses œufs dedans.

Selon une autre tradition bien plus ancienne répandue en Saxe, le lapin de Pâques devrait son origine au culte d'Eastre ou Eostre, déesse de la fertilité. Les lièvres – espèce prolifique s'il en est – lui étaient dédiés. Eastre, honorée au printemps, est à l'origine de l'appellation anglaise de Pâques : Easter. (à noter que la fête de Pâques, tout comme le culte d'Eastre, correspond à l'équinoxe de printemps, seul jour de l'année où le soleil se lève exactement à l'est).

Ainsi, le Lapin de Pâques était initialement un lièvre. Un lièvre, tiens, tiens… Cela ne vous rappelle rien ? Un lièvre blanc, qui traverse un jardin où l'on peut trouver tout et n'importe quoi ? Un lièvre toujours pressé ?
Et oui, le Lièvre de Mars ! Né de l'imagination débridée de Lewis Carroll, ce lièvre offre volontiers des tasses de thé, mais pas de chocolats ! Et oui, il est pressé, lui, il est sérieux. Pas le temps pour les friandises…